Sofiane Ahmed-kadi
“ Le futsal ça m’a donné un second souffle …”
Sport : Futsal
Interviewé le 26/02/2025
Publié par Célian Frossard
Portrait N°3
Son parcours sportif
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2015 - 2016
Post Formation
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2016 - 2017
Série D
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2017 - 2020
Série B
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2018
Prêté en Série C
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2019
Prêté en Série C
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2019 - 2020
Prêté en Série C
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2020 - 2021
Série D
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Depuis 2021
R1 / D2 / D1 National de Futsal
Caractéristiques
Né le : 18 Avril 1997 à Lyon
Taille : 1 mètre 77 pour 71 kilos
Ancien footballeur professionnel reconverti au Futsal
Poste : Milieu Offensif
Pieds : Droit
Nationalité : Français / Algérien
Situation Actuelle :
Joueur et Capitaine au GOAL Futsal Club
International Algérien de Futsal
Parcours Junior :
CS Neuvillois : 2001 - 2003
FC Franc Lyonnais : 2003 - 2004
Olympique Lyonnais : 2004 - 2013
UF Macon : 2013 - 2015
Sofiane est issu du processus de formation de l’OL, qui le marquera tout au long de sa carrière
Pourquoi Sofiane ?
Célian :
Sofiane, c’est le genre de joueur que le sport laisse parfois filer… Calme et brut de décoffrage en dehors du terrain, mais un véritable artiste une fois le jeu lancé.
Je l’ai découvert en même temps que le futsal de haut niveau.
Tout de suite, j’ai voulu percer le mystère : quelle mentalité anime un joueur écarté de son sport de prédilection, en quête d’une nouvelle voie dans un sport d’adoption ?
« Courage »
L’interview…
De la france à l’italie …
Célian : Comment t’as pris le large et atterri en Italie ?
Sofiane : Un agent m’a contacté, parce que plusieurs clubs français s’étaient manifestés après mon année à Mâcon.
Célian : Lesquels, si c’est pas indiscret ?
Sofiane : Je crois qu’il y avait Reims, Nantes… mais c’était pour les petites catégories, tu vois.
1ère licence de Sofiane à l’olympique Lyonnais
C : Quelles ont été tes plus grandes contraintes au début pour devenir pro ? Et quand as-tu signé ton premier contrat professionnel ?
S : À la base, je devais signer dès ma première année là-bas. Après un an, c’était prévu que je signe.
C : Avec Antella donc ?
S : Oui, Antella. Ils ont contacté l’OL pour obtenir ma lettre de libération pour la formation, mais ils ont refusé. Du coup, je n’ai pas pu signer et j’ai rejoint un club amateur en Italie, en Serie D. J’y ai joué une saison, j’ai marqué une dizaine de buts alors que j’étais encore jeune. C’était l’équivalent de la N3 en France, et moi, j’avais 16-17 ans.
C : Et ce club, c’était ?
S : Lanusei. Grâce à cette saison-là, plusieurs clubs pros se sont intéressés à moi, en Serie C et Serie B. J’ai finalement choisi le seul club de Serie B qui m’a directement proposé un contrat : la Salernitana.
Quel type de joueur est sofiane ?
C : Décris-nous le style de jeu quand tu jouais au football à 11 ?
« J'étais n°10, derrière les attaquants généralement, très technique, je gardais beaucoup de ballons en rôle d'organisateur et chef d'orchestre. J'avais les deux pieds donc ça allait, mais je ne défendais pas beaucoup, c'est un peu ça le problème. Je défendais le strict minimum. »
Célian : Une question un peu plus technique : aujourd’hui, le poste de numéro 10 fait beaucoup débat. Quel est ton avis là-dessus ? Est-ce que ça te touche en tant que numéro 10 de formation ?
Sofiane : Oui, ça me touche énormément. Ce poste est en train de disparaître… Et pourtant, c’est celui qui fait aimer le football, celui qui m’a donné envie de jouer, et je pense que c’est pareil pour beaucoup de monde. Si on l’efface, c’est aussi pour ça qu’on voit de moins en moins de gestes techniques sur le terrain.
L’anecdote marquante contre
S : J’étais en Serie C, avec la Pro Piacenza. Comme le fils de Maldini jouait là-bas, le club avait des contacts avec l’AC Milan, ce qui nous a permis de jouer un match amical contre eux. On est allé à Milanello, leur centre d’entraînement. Rien que le centre, c’était un truc de fou. En arrivant, on a vu Maldini, il était là, il nous parlait… On avait les yeux écarquillés. Sur le terrain, on a joué une mi-temps chacun. Pendant la mienne, j’avais Higuaín devant moi, Abate sur le côté, Reina dans les buts, Castillejo à droite… On aurait dit un rêve.
C : Qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?
S : Higuaín, sans hésiter. La qualité de ses passes, de ses frappes, de ses dribbles… C’était autre chose. Même une simple passe à deux mètres, il te l’envoyait avec la puissance d’une frappe.
Pourquoi le Futsal ?
C : Ton périple en Italie prend fin… Comment s’est passé ton retour en France ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
S : Le jour où je rentre en France, le Covid arrive. Je me marie religieusement et je reviens d’Italie avec ma femme. Déjà, juste avant, la situation commençait à se compliquer… Quand je suis revenu en plein Covid, je n’ai plus eu l’envie de repartir là-bas. C’est là qu’Anthony Grandi, le président de GOAL FC entre en jeu. Il me voulait depuis plusieurs années déjà. Il est originaire de Neuville, et je le connaissais à travers des amis qui jouaient là-bas. Parfois, quand je rentrais de vacances, j’allais les voir. Mais pour être honnête, à ce moment-là, je ne connaissais rien à ce sport.
C : Parlons de cette ascension. Tu arrives au Futsal Mont d’Or, qui est aujourd’hui intégré au GOAL FC. À l’époque, le club évoluait en R1 et, en seulement trois saisons, il a gravi les échelons jusqu’au premier niveau national. Aujourd’hui, tu en es le capitaine. Comment as-tu réagi dans ce moment de doute et réussi à rebondir dans une autre discipline ?
S : Quand je débarque en R1, je vois tout de suite que le club a de l’ambition. Il paie tous les joueurs, propose des formations pour chacun d’eux… C’est structuré, bien organisé. L’entraîneur a l’air sérieux, et le président tient ses engagements. C’est ce que tu cherches en premier lieu. Ensuite, je découvre l’équipe, et je réalise qu’elle est forte. Je me retrouve face à des joueurs que je ne m’attendais pas à voir à ce niveau. Par exemple, il y avait Amine Bencherif. Un jeune, mais avec un énorme potentiel. Il y avait aussi David Rondon. Quand j’arrive, on me raconte son parcours en futsal, et sur le terrain, je vois immédiatement que c’est un joueur solide. À l’époque, il y avait aussi Walid Benterki. Nos trajectoires étaient différentes, mais on était là, ensemble.
C : Différentes, mais finalement assez similaires.
S : Exactement. Au début, je pensais avoir régressé… Mais en voyant ces joueurs-là, je me suis dit : « Je suis là, ils sont là… Ça va le faire. »

“c’est une fierté d’avoir le
capitanat de la D1 de GOAL FC”
Sofiane
C : Parlons de ton capitanat. Si je ne me trompe pas, tu as hérité du brassard en début de saison dernière. Est-ce une fierté pour toi ? Comment l’appréhendes-tu ? Et quel rôle cela représente-t-il d’être capitaine du GOAL FC ?
S : Oui, c’est une fierté d’avoir le capitana de la D1 de GOAL FC, la seule équipe de l’élite en Région Rhône-Alpes. Je me dis que je porte le brassard de la seule équipe de Ligue 1 futsal de la région, et ce n’est pas rien. En plus, c’est chez moi, dans ma ville natale. C’est ça qui me rend encore plus fier : j’ai réussi à décrocher le capitanat là où j’ai grandi. C’est aussi une grosse responsabilité, parce que les gens me regardent différemment, que ce soit les supporters ou les acteurs du milieu. Je ne peux plus me permettre d’être en retard ou d’avoir un manque de sérieux.
C : Tu as un rôle d’exemplarité.
S : Exactement.
Sa passion pour sa selection…
C : L’année dernière, tu as rejoint l’équipe nationale d’Algérie pour les éliminatoires de la CAN. Parle-nous de cette belle expérience. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
S : C’est, jusqu’à présent, la plus grande fierté de ma carrière. Porter les couleurs de mes grands-parents, de mes parents, c’était fort. Quand l’opportunité s’est présentée, c’était un moment clé dans mon parcours.
C : Et justement, quelles sont les différences entre jouer pour un club et représenter une nation ? Ce n’est pas la même chose. J’en ai déjà discuté avec quelqu’un pour un autre portrait. Qu’est-ce que cela signifie pour toi, et en quoi est-ce différent ?
S : Représenter une nation, c’est porter un pays qui a une histoire. Dès notre arrivée, on nous la raconte, on nous rappelle d’où l’on vient, ce que cela signifie. C’est un véritable bagage culturel. Et puis, il y a aussi l’histoire familiale… On joue pour quelque chose de plus grand que soi, pour nos racines. Quand l’hymne national retentit, ce n’est pas juste une musique. Ça résonne dans le cœur, et c’est incomparable avec l’hymne d’un club, même en D1.
Pourquoi Sofiane c’est Contrecourant ?
C : Quelles valeurs t’apporte un parcours atypique dans le sport ?
S : Moi, j’ai connu des moments où j’ai failli tout lâcher. Mes parents voulaient que je réussisse, que ce soit dans le foot ou ailleurs. Mais comme c’était la seule chose que je savais faire, je me suis forcé à y arriver, loin de chez moi, loin de mes parents, tout seul. Ce n’était pas à un niveau exceptionnel, je ne jouais pas à Monaco ou autre, mais c’était ma façon de prouver que j’en étais capable.
C : Comment te définis-tu sur le terrain ?
S : Rien à voir avec ma personnalité en dehors. Dans la vie, je suis tranquille, j’aime rigoler… Mais sur le terrain, je suis très… pas nerveux, mais très expressif. Quand quelque chose ne va pas, je le montre. Quand tout va bien, pareil. Que ce soit sur une célébration ou après un carton jaune, je réagis avec intensité.
C : Je t’ai vu. On peut dire que ton parcours est atypique, marqué par des hauts et des bas. Aujourd’hui, que représente le futsal pour toi ? Est-ce que ça a été une porte de sortie après une expérience difficile dans le foot ?
S : Exactement. Après mon passage dans le foot à 11, quand j’ai signé pro, j’ai failli… Je ne dirais pas que j’ai fait une dépression, mais en revenant en France, j’ai traversé une période très compliquée. Pendant un an, je ne savais plus où j’allais, ce que j’allais faire de ma vie. J’étais marié, je devais trouver des solutions… Le futsal m’a donné un second souffle. Il m’a redonné de la valeur, à moi et à mes proches. Il m’a aussi ramené la reconnaissance que j’avais perdue.
Célian : Finalement, l’atypique te va bien.
Sofiane : Exactement.